
Ma première impression était la bonne… Pourquoi je ne me suis pas écoutée ? Et pourtant ma petite voix intérieure me le disait bien.
Vous avez certainement prononcé une ou plusieurs de ces phrases.
Elles ont comme point commun l’intuition.
Mais finalement, qu’est-ce que l’intuition ?
Si l’on se réfère à un dictionnaire tel que le Larousse, l’intuition est une connaissance directe, immédiate de la vérité, sans recours au raisonnement, à l’expérience. C’est un sentiment irraisonné, non vérifiable qu’un événement va se produire.

D’après le philosophe français Henri Bergson, qui a marqué la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, l’intuition représente un retour vers soi-même et vers ce que nous sommes authentiquement. Elle permet de découvrir sa vie intérieure, de remonter aux données immédiates de sa conscience. Il n’y a pas que la seule connaissance transmise par les sciences qui permet d’accéder au réel par l’exercice de l’intelligence.
Même si les propos de Bergson n’ont pas toujours fait l’unanimité à l’époque et dans notre monde actuel, sa philosophie d’inspiration mystique, je vous le concède, a fait émerger un certain dynamisme spirituel. Idée d’ailleurs partagée par Charles Péguy qui est allé encore plus loin quand il a déclaré que Bergson « est celui qui a réintroduit la vie spirituelle dans le monde ».

Comment l’intuition est-elle considérée par le monde scientifique ?
Une figure emblématique en la personne d’Albert Einstein a toujours valorisé l’intuition. Elle l’a conduit à certaines idées ou découvertes et l’a accompagné tout au long de sa vie dans son parcours scientifique. D’autres lauréats de prix Nobel en physique, chimie ou médecine des années 90 ont eux aussi admis que l’intuition occupait une place importante dans leur travail mais ont déploré qu’elle ne soit pas davantage reconnue dans leur formation.
Plus récemment, en 2008, une conférence franco-allemande inter-académique, co-organisée par l’Académie des Sciences de Paris, a démontré de façon globale « l’importance réelle de facteurs individuels tels que l’imagination et l’intuition dans le cours particulier du progrès scientifique et donc la difficulté de prévoir et planifier avec précision le contenu même de ce progrès. » Le colloque a été ouvert par l’éminent neurophysiologiste, Pierre Buser, dont les recherches portaient sur les fonctions très complexes du cerveau et qui a mis en lumière à cette occasion le rôle d’une « intuition inconsciente » ; en d’autres termes, notre cerveau fait passer des informations de notre inconscient vers notre conscient.

On ne questionne donc plus la réalité de l’intuition, on sait que ce phénomène existe notamment grâce à l’imagerie médicale ; ce que l’on a du mal à concevoir c’est le fait qu’elle puisse se manifester différemment d’une personne à une autre.
Nous sommes tous intuitifs mais nous n’écoutons pas tous cette petite voix que certains qualifient aussi de 6ème sens. Pour certains, se baser sur leur intuition ne peut leur amener que déconvenues et déboires, on ne peut pas se fonder sur elle pour prendre des décisions importantes dans la vie, elle n’est pas suffisamment fiable surtout quand ce ressenti semble être en totale contradiction avec la raison. C’est donc bien le mental, nos peurs et nos doutes qui bloquent notre écoute.
Avez-vous entendu parler du QEI ?
Dans leur livre « L’intuition, et si on l’écoutait vraiment ? » les auteurs Lydie et Bernard Castells, ont recueilli de multiples témoignages qui racontent comment l’intuition a pu changer leur vie. « Apprendre à écouter l’intuition est l’une des clés dont chacun de nous peut s’emparer pour construire une vie plus en harmonie avec ses désirs profonds […]. Par sa justesse, son authenticité, elle nourrit notre créativité, nous guide et nous aide à avancer. » De même qu’il existe le QI (quotient intellectuel) et le QE (quotient émotionnel), ils ont conçu le QEI (Quotient d’Ecoute de l’Intuition) afin d’aider les personnes à écouter leur capacité intuitive. Cette écoute, selon eux, peut permettre à chacun de « prendre des décisions en harmonie avec ses aspirations profondes ».
Il ne nous reste plus qu’à laisser venir nos pensées, notre ressenti, nos sensations ; tout cela est très fugace, mais il faut juste saisir le moment et se laisser porter par ce flot pour mieux appréhender notre quotidien.